Comme le Bouddha nous devons nous rendre à cette vérité que toute corps est source de dukkha, et que c'est tout ce que nous avons pour atteindre le nirvana. Et cette autre vérité qu'il existe une voie : vivre (et donc dukkha), laisser aller dukkha, observer que dukkha passe, pratiquer.
C'est là toute la méthode. C'est là toute la vérité.
On ne peut considérer le vide que de ce qui n'est pas là. Quand il ne reste plus rien, il reste le champ sensoriel qui vient avec le fait d'être au monde. Et il reste la voie. S'il ne devait plus rien rester demain, il resterait tout de même cela. Et c'est énorme.
C'est la méditation de l'âme. C'est la cultivation de l'âme. C'est l'exercice qui nous fait redécouvrir ce que nous sommes. Plus qu'un corps qui pense. Plus qu'un esprit qui agit.
Quelque chose existe qui est colocalisé avec le corps, mais qui n'est pas le corps. Qui n'est peut-être même pas limité par la mort. Au début de la redécouverte de ceci, ces phénomènes non corporels sont directement liés aux phénomènes corporels. Une attention particulière permet de distinguer ces différents corps. Et donc de les développer, comme il convient a chacun de ces corps.
De là, la porte des dix mille joies.
Pour sentir ce qui n'est pas le corps, il faut enlever les nœuds, les blocages, les tensions du corps. Paradoxe. Cela n'est pas le corps, c'est à travers lui, mais il faut relaxer le corps pour le sentir et le travailler. Car ce corps est tout ce dont nous disposons pour le dépasser. Lorsqu'on aura compris que pour être 1 il faut être 2, on aura compris la réversibilité et la trinité. Après ça ira. On sera libre.
Alors relax. Mais pas trop. Pour mieux sentir ce corps subtil, on va se donner une forme, la vider, et bouger en travers. Équivalent corporel d'un koan Zen.
Pour être 1 il faut être 2. C'est la nature du langage, que de différencier l'indifférencié. Si je dis centre, je ne dis pas périphérie, mais elle est là, nécessairement. En creux. Ce creux qui fait l'utilité. Ce non dit dans le dit, qui fait le contraste, qui révèle. Qui fait la réversibilité.
Pour être 1 il faut être 2. C'est la source de la technique. L'artifice ultime qui fait les structures, qui engendrent les processus. Qui fait que toute structure a une âme. Qui enlève toute neutralité, toute innocence. Qui fait corps. Qui fait dukkha. Pour être 1, il faut être 2, et c'est tout ce qu'on a pour atteindre 1.
Alors choisis bien.
Je ne sais la nature de cet autre corps. Mais je sais qu'il existe. Et je peux croire qu'il n'est pas restreint par les lois de notre corps physique. Est-ce à dire qu'il n'a pas de rapport avec lui ? Qu'il n'est pas influencé par lui ? Ce serait absurde : notre corps physique nous permet si on le laisse faire de sentir notre corps non physique. Et il nous permet si on le guide correctement de cultiver notre corps non physique. Donc ce corps physique n'est ni neutre ni innocent vis à vis de ce corps non physique.
Quant au corps non physique, s'il se développe lorsque le corps physique le lui permet, c'est qu'il y est sensible également. Et je sais qu'il n'est pas non plus neutre vis à vis du corps physique. Je sais qu'il n'est pas non plus innocent.
Je ne sais la nature de cet autre corps. Je ne sais s'il est distinct ou s'il est extension du corps physique. Je ne sais si le corps physique est la partie densifiée, sensible aux lois de la physique, du corps non physique. Mais je sais qu'il existe.
Le chemin le plus court entre 2 points est la ligne droite. Ou la ligne courbe, si l'espace lui-même est courbe.
La prise directe. L'immédiate expérience du dharma au lieu d'une longue étude qui a le temps de nous perdre. Immédiatement compréhensible, immédiatement réalisable. Il suffit d'être assez sensible pour se relâcher, et de se relâcher assez pour être sensible. Après ça ira. On sera libre.
So you think you are a warrior? Go on and fight your illusion battle until the end.
Donc tu penses que tu es un guerrier ? Va et combat ta bataille d'ilusion jusqu'à la fin.
Par Morgan Le Mat, publié le , révisé le