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Reset.

Ce qui m'intéresse, au départ, c'est la manière dont les structures engendrent les processus. N'aviez vous pas remarqué ? Cette tendance étrange qu'ont les formes de se comporter d'une manière analogue à elles mêmes ? Et n'aviez vous pas remarqué ? Que toute structure est un corps qui agit dans un espace ? Ce corps fût-il abstrait, cet espace désincarné ?

Il semble que toute structure soit perturbation de son environnement, dont on ne peut même parler que parce-qu'il y a structure. Un ordre hétérogène qui apparaît dans ou à la place d'un chaos homogène. Chaos que nous devons objectiver, séparer de lui-même pour ne serait-ce que pouvoir en parler. Chaos dont la seule loi semble de retourner au chaos, dont le coût énergétique est moindre, dont l'homéostasie est plus facile.

C'est ainsi que toute structure engendre processus. Force qui déforme, sa trame qui tend au calme. Ce que l'on appelle aussi karma.

Et que se passe-t-il lorsque ce qui fait corps est sensible ? C'est-à-dire ajustable. C'est-à-dire qu'il change, la réponse était dans la question, forcément. Et s'il change, son rapport à son environnement change. Et donc son environnement change. Non pas comme une chaîne de causalité repartie dans le temps, mais comme une réalité immédiate et transcendente, coproduite, codistinguée. Action-réaction ne sont pas séparées dans l'espace et le temps.

Et que se passe-t-il lorsque ce qui fait corps est sensible au fait qu'il est sensible ? Il change sa manière de changer. C'est-à-dire qu'il est libre. C'est ainsi que chacun est à une singularité près de chacune des myriades de mondes dont on ignore l'existence.

Et qu'entend-on par « coproduite, codistinguée » ? On entend que les choses n'existent pas par elles-mêmes, mais en relation avec d'autres choses qui sont nécessaires à leur avènement. En particulier, une chose est en relation avec sa chose opposée, forcément, de laquelle elle se distingue. C'est cette distinction qui est la justification de l'existence de la chose, du moins dans le discours. Car c'est cette distinction qui est le contraste, qui est le moyen de révéler tel aspect de la réalité que l'on veut aborder.

Elle est également en relation avec d'autres choses, ne serait ce que les choses qu'il est nécessaire d'aborder pour parler de la chose sujette. Chacune étant l'objet de relations du même ordre.

Cette chose que l'on croyait exister par elles-même devient alors partie indissociable d'un ordre plus grand qui a sa propre structure.